Côté… Passé

J’ai simplifié la règle, je l’ai simplifiée ou simplifié ?

Histoire d’accord

Dans la série « comment écrire le français », un dernier épisode a récemment mis en émoi les académiciens et les professeurs de français des deux côtés des Ardennes : l’accord du participe passé.

Nos voisins belges ont déclenché les hostilités dès le mois d’août, déclarant la guerre au participe passé. Dans un but – fort louable – de simplification, des anciens professeurs de Wallonie, la partie francophone de la Belgique, préconisaient l’instauration de l’invariabilité du participe passé avec l’auxiliaire avoir et ce, en toutes circonstances.

Adieu les casse-têtes avec la place du complément d’objet direct avant ou après l’auxiliaire pour lesquels les élèves passeraient, en moyenne, 80 heures à en apprendre la règle. Une complexité montrée du doigt, accusée de renforcer les inégalités socio-culturelles. Pas moins.

Polémique

Dans l’Hexagone, cette demande de changement a fait mouche et a relancé le débat sur la simplification de l’accord du participe passé. Les puristes ont crié au scandale, refusant (je cite) de « saccager la langue ». Chaque tentative de réforme a toujours donné lieu à de nombreux articles dans la presse, à d’infinis débats qui, la plupart du temps, se sont soldés par un échec. La baisse continue du niveau des élèves de primaire en orthographe n’arrange pas les choses : à dictée équivalente, un élève de CM2 faisait 17,8 erreurs en 2015, contre 10,6 en 1987. Ce qui explique les récurrentes tentatives de simplification de l’orthographe.

En France, l’orthographe est un tel tabou, on ne peut pas y toucher, déclare le sociolinguiste Philippe Blanchet qui ajoute «L’unité linguistique est finalement l’élément clé de l’unité nationale et donc de notre identité commune. Les Belges sont plus détendus sur la question parce qu’ils ont plusieurs langues officielles !»

Précisions

Alors, cette simplification constitue-t-elle une particularité belge en devenir ? Que nenni ! Beaucoup de bruit pour rien, les autorités de la Belgique francophone ont finalement décidé de ne pas réformer l’accord du participe passé. .. sauf si cela s’inscrivait dans un cadre « international ». Autrement dit, si tous les pays francophones appliquaient la même règle. Ce n’est pas encore gagné !

Que l’on soit bien clair : chez JM, que ce soit en FLE ou en formation français écrit, sachez que vos professeurs seront intraitables : on applique la règle « historique » et nous approuvons – au moins pour certains de mes collègues – cet académicien et linguiste de formation (Frédéric Vitoux) « Je considère que lorsqu’on est amoureux d’une langue, on l’aime dans ses difficultés.»

 

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